À propos de l’authentique légende des Cornards

dimanche 21 mai 2006, par Le Bureau

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Tous les Beaumontois connaissent l’origine de la Fête des Cornards, célébrée le week-end de Pâques. On honore la mémoire d’un pauvre boulanger, doublement victime d’infortunes conjugales et d’une regrettable méprise.
Mais il se pourrait que cet épisode de la vie de notre commune s’inscrive en fait dans une tradition plus longue et plus ancienne.

Autrefois, en Basse-Auvergne on cuisait des fougeassoux. Le mot est à rapprocher de fouasse et plus encore de fougasse. Comme eux, il désigne une pâtisserie de ménage cuite sous la cendre et trouve ses racines dans le latin focus, le foyer. Farine, œufs, fromage blanc et sel étaient les ingrédients des fougeassoux. On les exhibait dans les fêtes baladoires et ils prenaient l’aspect d’une croix de Saint-André. Avouez qu’en tordant et étirant les branches, on obtient facilement un « cornard » (pâtisserie).

Quant à la signification des cornes et au « respect » dû aux cornards (humains), les choses ont pas mal évolué au cours des temps historiques. Les Gaulois vénéraient le Dieu Cernunnos, populairement appelé « Grand Cornu ». Les cornes qu’il portait passaient pour un symbole de virilité propre à provoquer l’admiration. Dans la plupart des représentations, il s’agit d’une ramure de cerf, plutôt que des cornes d’un taureau… ou d’un bouc ! Mais ces cornes-là aussi se rencontrent parfois.

Et le cocu du village gaulois était le premier marié de l’année, exploit qui faisait de celui qui avait dû être la coqueluche des femmes le coq de la petite communauté. On le coiffait des cornes de Cernunnos, on l’admirait et on le fêtait. L’année écoulée, il passait son trophée à un successeur. Il a fallu beaucoup de temps pour que cette transmission de pouvoir soit assimilée à la déchéance d’un « cornard » et que le mot cocu prenne le sens que nous lui connaissons trop bien.

Sur le site de Beaumont, nos ancêtres les Gaulois rendaient-ils un culte à Cernunnos ? Bien érudit et bien malin qui pourrait le dire, mais il y a vraiment des similitudes troublantes dans les célébrations anciennes ou plus récentes du grand cornu. Et nous sommes incontestablement Gaulois. « Par Toutatis » dirait Obélix, évoquant une autre divinité celte dont les historiens transcrivent ordinairement le nom sous la forme Teutatès. Et ce dieu-là nous a laissé des marques de son passage chez les Arvernes de l’Artière : le nom actuel Montaudoux est à peu près certainement l’évolution de Mont Teutatès.

Quoi qu’il en soit de ces souvenirs plus ou moins historiques, l’important au XXIe siècle est que la Fête des Cornards continue à être bonne.

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